Algérie

Découvrir Alger Ghardaïa et Timimoun

Depuis peu, l’Algérie s’ouvre à nouveau et pour de bon au tourisme. Ceux qui connaissent déjà ce grand pays de l’Afrique du Nord se frottent les mains. 

En plus d’une culture propre à son histoire ( et pas seulement la plus récente liée à la France),  partir en Algérie c’est aller au contact d’une multitude de trésors, qu’ils soient humains ou naturels. Ses habitants au grand coeur et paysages grandioses nous fascines… Récit d’un trip de deux semaines d’Alger à Ghardaïa.

L’Algérie est un grand territoire, ne sera mentionné dans cet article qu’Alger, Ghardaïa, Timimoun et les environs des trois spots.

Alger

Vue panoramique de ville d'Alger depuis ses hauteurs sur la Méditerannée
Alger, véritable porte et balcon sur la Méditerannée

Après un vol sans histoire, l’arrivée à l’immense aéroport Houari Boumédiene est antinomique : international, mais pas grand monde. Après un (long) passage à la police des frontières, il faut encore repasser au scanner pour les bagages. Terrorisme ? Même pas, contrôle de la contrebande de baskets, cigarettes, téléphones et que sais-je encore, en provenance de Dubaï. 

Alger la Blanche

La ville porte bien son nom, sa blancheur contourne la baie et attire le soleil sur les façades. 

 

La Grande Poste, fleuron de l’architecture néo-mauresque du 20ème siècle, est un symbole colonial, destinée à devenir un musée. Le Bastion 23, ancien palais de l’époque ottomane, est un modèle de construction et d’art décoratif de cette période faste.  

Le front de mer, magnifique balcon dominant le port et la baie, décline une promenade longue de 1 500 m et englobe toute la beauté d’Alger. Les différents styles architecturaux sont une carte postale de la période coloniale où les splendides immeubles haussmanniens et Art-déco se mélangent à l’Art Nouveau dans une cacophonie joyeuse avec çà et là des policiers, coiffés d’une casquette et un costume bleu-roi, qui essaient tant bien que mal de réguler cette sympathique anarchie.  

Il est agréable de marcher à Alger. Il faut se laisser porter par les rues, les ruelles et s’assoir sur l’un des nombreux bancs qui jouxtent le front de mer. L’activité est réelle et les algérois souriants. Pour se reposer de cette fourmilière, le Jardin d’Essai ou Jardin Botanique du Hamma avec ses 32 ha de verdure et ses trois mille essences végétales,  est un véritable bijou botanique. 

Femmesqui marvhent dans la rue et poteau de lampadaire au premier plan
Alger, ville jeune, assurément

La Casbah

La Casbah, ce quartier classé par l’Unesco est souvent indissociable quand on évoque Alger.  À l’origine n’existait que la Citadelle, forteresse érigée par Aroudj Barberousse en 1516. Mais après trois siècles de présence ottomane, la citadelle s’est progressivement transformée en ville depuis les hauteurs. Bien avant l’empire Ottoman, la ville arabo-berbère El-Djazaïre Beni Mezghana surplombait déjà la baie.

 A 118 m au dessus de la mer, la casbah est composée d’un labyrinthe de ruelles étroites où il est possible se perdre très facilement. Les maisons traditionnelles côtoient des hammams, des mosquées, des souks, des fontaines et même des palais. La partie basse de la ville où se situait le tristement marché aux esclaves fut détruit par le tremblement de terre de 1716 et le terrible incendie de 1844. L’aménagement de la place des Martyrs en 1903, et surtout le plan d’urbanisation des français du quartier de la Marine en 1950, transformèrent radicalement la Basse-Casbah. La vieille ville étant musulmane à 100 %, c’est ici que s’est déroulé la bataille d’Alger en 1957.

 

Après l’indépendance, elle fut désertée par ses habitants qui préféraient récupérer les logements vacants des français. Les plus démunis restèrent ou allèrent dans la Casbah et celle-ci et aujourd’hui peuplée d’environ 100 000 personnes, une surpopulation laissée un peu à l’abandon par le manque d’eau courante et le désintérêt politique.

 

La Casbah  est sans aucun doute l’une des dernières médinas authentiques de par son architecture, son urbanisme et ses matériaux de construction. Certains palais ont été restaurés, comme celui de Mustapha Pacha. La citadelle est en travaux depuis plusieurs décennies et le programme de réhabilitation de la ville reste à la merci des politiques.

 

Il est préférable d’y aller avec un guide pour mieux appréhender l’histoire de ce joyau, mais sachez que vous ne risquez rien d’un point de vue sécurité. Au contraire, l’Algérie n’étant pas touristique (et encore moins la Casbah) c’est dans le souk  que vous apprécierez la gentillesse et la curiosité des algérois.  

 

La basilique Notre-Dame-d’Afrique :

Accessible par téléphérique de Bologhine, ou par une route tortueuse, la basilique est perchée à 124 m au dessus de la mer. Elle domine notamment le quartier de Bab El Oued. La Basilique Notrer-Dame d’Afrique Elle est considérée comme le pendant de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille. Consacrée en 1872 par le fondateur des Pères blancs, Mgr Lavigerie, cette basilique imposante est l’oeuvre de l’architecte Jean-Eugène Fromageau.  C’est un lieu hautement symbolique par sa volonté de rassembler les croyants des religions musulmane et chrétienne. Autre particularité, cette basilique possèdent deux surnoms affectueux : Madame l’Afrique ou Lalla Myriam. Coiffée d’un dôme ornée d’une croix et flanquée d’un campanile en forme de minaret abritant onze cloches, de style est néo-byzantin. A l’intérieur le genre hispano-mauresque domine et les murs sont couverts d’ex-voto offerts par des pélerins de toute confession venus d’Algérie. Ecrits en français, arabe et kabyle, cette basilique rassemble tous les croyants de tous les horizons. Unique en son genre. 

Une visite dans la cathédrale du Sacré-Coeur n’est pas inutile. Erigée juste avant l’indépendance, son architecture moderniste, à l’opposé de la basilique Notre Dame d’Afrique, est l’un des monuments difficilement incontournable. En continuant le circuit religieux, la mosquée Ketchaoua dans la Basse-Casbah, vaut le détour.   

2 image , une couleur l'autre noir et blanc de ruelle avec végétation et silhouette d'homme
Ruelles de la Casbah. Une ville dans la ville. Un quartier à la fois cité et classé par l'Unesco

Ghardaïa

Au carrefour des civilisations de la Méditerranée et de l’Afrique, l’ancienne route du Soudan occidental est aussi nommée la route des oasis, dans le grand Erg Occidental. Ici commence le Sahara.

Depuis quelques décennies, les aérodromes se sont multipliés dans le sud, ce qui a pour effet de raccourcir les distances. Ghardaïa possède donc son aéroport digne de St-Exupéry et flambant neuf, qui relie le grand vide à Alger.

Ghardaïa, c’est aussi la capitale de la vallée de M’zab, à 600 km au sud d’Alger. Ghardaïa est en fait composée de  ksours : Beni-Isguen, El Atteuf, Bounoura, Melika et… Ghardaïa.

Dès sa fondation, la ville a eu une vocation commerciale. Le ksar d’origine est maintenant entouré d’une pentapole, avec des hébergements, des transports et des commerces et bien entendu le souk. Celui-ci est ceinturé d’arcades de couleur ocre, avec les vieillards vigilants au seuil de leurs échoppes.

Ici, dans le souk de Ghardaïa il est possible de trouver l’impossible

Les magasins vendent de tout, les couleurs sont multiples et les parfums enivrants. Dans une cohue joyeuse, des enfants se faufilent entre les vélos, les mobylettes et les ânes sur la place centrale. Les femmes voilées souvent de blanc, ne laissant apparaître qu’un œil, pressent le pas dans les ruelles. Celles-ci deviennent de plus en plus étroites et tortueuses, se terminant parfois en impasses. De temps à autres, une citerne d’eau lance un éclair bleuté en provenance d’un toit. On ne peut que regretter les paraboles de télévision qui font tâches autour du minaret de la mosquée.  

 

Place de souk et personnages
L'important souk de Ghardaïa. Un patrimoine en soit. Aussi important pour le commerce et pour la vie sociale des habitants

Caravanserail

C’est une expérience à travers le temps, un voyage dans l’Empire Ottoman. Au début de la période coloniale, durant les années 1840, l’édification et la multiplications des caravansérails pour l’hébergement et des fondouks pour entreposer les marchandises, ont participé au développement commercial du Sahara. Les palmeraies sont un paradis végétal, plein de fraîcheur. Outre les palmiers donnant les délicieuses Deglet Nour, les fameuses dattes mielleuses, ces oasis offrent des arbres fruitiers avec d’exquises oranges, des citrons, des grenades et des figues. A noter l’ingénieux système d’irrigation, technique très ancienne aussi appelée partage des eaux. 

Après Ghardaïa, le désert est nettement plus monotone, un peu plat et rocailleux, avec de temps à autres de belles dunes avec cette couleur si particulière au coucher du soleil. La route est relativement bonne, bien que des avancées sableuses la rende glissante. Après 240 km, l’oasis d’El-Goléa se profile à l’horizon et son hôtel de luxe El Boustane. 

 

Charles de Foucauld

Avant d’aller visiter la chapelle de Charles de Foucauld, qui est enterré dans le jardin attenant, un petit rappel sur la vie de cet homme exceptionnel. Orphelin à l’âge de six ans, il est élevé par son grand-père maternel qui est colonel dans l’armée. Il intègre la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr, destiné à être officier. A sa sortie, il choisit la cavalerie et arrive à Saumur. D’un humour potache et pratiquant une vie dissolue grâce à l’argent facile dû à son héritage, il démissionne à vingt-trois ans afin d’explorer le Maroc. D’un caractère fort, il se fait passer pour un Juif afin d’approfondir ses travaux. La qualité de ces derniers lui vaut la médaille d’or de la Société de Géographie, ainsi qu’une certaine renommée après la publication de son livre en 1888.

De retour en France, il devient moine chez les Trappistes et part avec eux en Syrie. Mais sa quête radicale de pauvreté, d’abnégation et de pénitence le pousse à quitter les moines pour devenir ermite en 1897. Il émigre alors en Palestine. En 1901, devenu prêtre, il s’installe dans le Sahara algérien à Béni Abbès. Il vit avec les Berbères, il étudie la culture Touareg durant douze ans et publie un dictionnaire touareg-français. Il est assassiné le 1er décembre 1916. Son caveau est visible et inspire le respect. 

Ksour

Beaucoup de ksours (pluriel du Ksar) longent la route du sud Saharien. Un ighrem (autre nom du ksar) est un village fortifié d’architecture berbère. Cette forteresse est toujours perchée sur un promontoire escarpé, souvent accrochée à une paroi rocheuse et de préférence pas loin d’une oasis. Un ksar est composé de greniers (ghorfas) pour entreposer les denrées en prévision des sécheresses successives et bien entendu des habitations. Le ksar d’El Goléa est intéressant et celui de Beni Isguen possède un petit musée qui vaut le détour. 

 

Un nouveau ksar « moderne » a vu le jour à Tafilelt il y a quelques années, avec un résultat plutôt positif. Situé à proximité de la cité historique de Beni Isguen, il est niché au sommet d’un plateau qui domine la vallée du Mzab. L’idée de créer une ville écologique remonte à 1990. Environ 6 000 personnes bénéficient d’un logement. Reprenant le principe du ksar original, ces bâtiments offrent des appartements au confort actuel, mais avec la disposition d’antan qui permet une fraîcheur et des couloirs d’air, même par forte chaleur. Adaptée parfaitement à laproximité du désert, les rues sont étroites pour y garder l’ombre et casser les vents de sable du Sahara. Exit le béton, seuls la chaux, la pierre et le plâtre sont utilisés. Les fenêtres sont barrées par des moucharabieh qui permettent une meilleure ventilation. Les maisons ne dépassent pas un étage et sont de couleur ocre et blanche. Une vraie réussite.

 

De nombreux ksours jalonnent le périple : Beni Isguen, El Goéla, Hadj Guelmane, Metlili, Taghit et bien entendu Timimoun. Immanquablement se trouvent des souks, lieu de rencontres, d’échanges et de culture. 

 

Timimoun

Connue comme la jonction entre le Maghreb et l’Afrique, l’architecture à Timimoun avec ses dômes indiquent clairement l’influence touareg et malienne. L’atmosphère change et le parfum africain est bien présent. Timimoun était le centre commercial le plus dynamique du Gourara et quelques 2329 puits furent creusés afin d’irriguer les palmeraies. Le souk est immense et l’on peut aisément s’y perdre. Aucune crainte, il y aura toujours une âme charitable pour vous indiquer la sortie. Un festival d’odeurs, de couleurs, de sons et de bienveillance accueille l’étranger. Il est bon de retrouver ces sourires, ces étals aux couleurs chaudes, ce parfum d’Afrique qui tranche avec le nord de la Méditerranée.  L’Algérie a cette capacité d’offrir deux voyages en un. L’hôtel Gourara est une excellente étape pour la nuit. 

J’ai pris énormément de plaisir à la route, parfois monotone, parfois exceptionnelle, dans ces paysages désertiques. Ne jamais oublier que on the road, où que nous allions, fait partie du voyage, avec des rencontres, des sourires, des échanges. 

Deux autres hôtels sont fortement conseillés : le Rym à Beni-Abbès et le Souara à Taghit. 

Architecture en terre rouge
L'architecture du sud saharien est déjà bien visible à Timimoun

Festival International du Tourisme Saharien

La dernière bonne raison pour visiter cette petite partie de l’Algérie est le festival International du Tourisme Saharien, avec des parades folkloriques et les célèbres Fantasia. Une occasion unique d’échanger avec vingt-trois wilayas, des représentants du Mali, de la Mauritanie, de la Libye et de la Tunisie. Cet évènement vise à mettre en valeur le patrimoine et l’histoire de la région et d’assurer la pérennité de l’héritage culturel. 

Photo noir et blanche d'hommes à cheval pour cérémonie fantasia
le festival International du Tourisme Saharien, avec des parades folkloriques et les incontournables Fantasia.
Femmes dans la rue tenant un drapeau algérien
Un festival au qui rassemble les richesses touristiques et folkloriques du pays

Les photos d’Algérie sont visibles et disponibles sur le site Photo-tourisme.com . Des photos en haute-résolutions pour des téléchargements ou des tirages de toutes les dimensions et sur tous les supports imaginables. 2D et 3D.

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L’essence ne coûtant rien, les bus tournent au ralenti pour une raison inconnue, sachant qu’en décembre 2022 il fait environ 25° et que l’air conditionné est en marche, portes ouvertes…

L’Algérie est un superbe pays, aux paysages vierges, avec l’immense désert saharien. La population est serviable, souriante et toujours prête à vous dépanner ou vous renseigner.

L’envers du décor est le temps extensible, la ponctualité n’étant pas le point fort des Algériens. L’organisation est carrément chaotique et la bureaucratie effrayante. La sécurité est sans faille, la police et les militaires, aimables, sont omniprésents sur les routes. Les contrôles et check-points sont légions, y compris la nuit. 

Découvrir l’Algérie, c’est un vrai voyage en soit. Avec ses  surprises.

N’est-ce pas ce que cherche le voyageur ?

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